Nous savons qu’il existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de la maison. La maison nato a donc eu envie de rassembler ses mots : autant de codes, de clés, de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.


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Avion : n. m.

Sans vergogne, l’avion a tiré son nom de avis (oiseau en latin) en 1863 alors que l’obsession de l’homme d’égaler l’oiseau était déjà millénaire. L’homme ayant finalement compris avec sa lenteur habituelle qu’il lui serait impossible de voler seul, il se mit en tête de construire une machine qui le transporterait dans les airs. Si l’on excepte les fables prétendant que Léonard de Vinci, plus occupé à crâner qu'à se consacrer sérieusement à la peinture, en fut l’inventeur (certains témoins de l’époque affirment même qu’il se contenta de fixer une hélice sur une boîte à chaussures – mais les sources ne sont pas fiables), c’est Clément Ader, menuisier devenu ingénieur (inventeur du Théâtrophone, réseau téléphonique relié à l’opéra de Paris permettant d’écouter les opéras en restant chez soi) qui effectue le premier vol le 9 octobre 1890 à l’est de Paris suivi par deux autres embardées. C’est l'observation des vautours et des chauves-souris qui lui permit de dessiner son engin. Les frères Wright (qui étaient auparavant spécialistes de la bicyclette) quittent leur Caroline du Nord natale pour, après quelques essais intrigants, se rendre en France à la demande du constructeur automobile Amédée Bolée au Mans et effectuer ce que certains considèrent par ignorance comme le premier vol (on est toujours le frère Lumière de quelqu’un). On parle alors d’aéroplane, terme plus modeste qu’avion. Puis Louis Blériot, l’allure bonhomme traverse la Manche en 38 minutes, Roland Garros traverse la Méditerranée en 53 minutes. La Première Guerre mondiale devient le lieu d’exhibition mortelle de cette nouvelle invention que l’appétit guerrier de l’homme ne cessera de perfectionner utilisant l’avion pour briser la paix des oiseaux et éliminer ses semblables en masse. Le 29 mai 1927, le Minnesotan Charles Lindbergh (spécialiste de la double vie) traverse l’Océan Atlantique d’un trait avec son Spirit of St Louis. En 1929, c’est l’avion à réaction et puis la course au progrès infernal jusqu’au moment où l’avion est lui même utilisé comme projectile le 11 septembre de l’an 2001. Depuis, les voyages en avion sont devenus plus fastidieux, minimisant les risques et les plaisirs de se perdre dans le désert, comme l’aviateur Saint-Exupéry, et faire éclore les roses.





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