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De Chantenay-Villedieu à Minneapolis, ceux-ci
chantent sur le chemin le récit d’une réalité
multiple. Ici, on fait bois de toute eau. On se moque
des questions de style, on se refuse à entrer
dans les boîtes qui se profilent, on emprunte
volontiers les sentiers buissonniers, on épie
l'histoire, on raconte pour vivre la musique de découverte
en découverte. Ce jeu de dominos d’une
tribu sans limites où l’on questionne volontiers
les codes, cherche les entrées (les sorties aussi,
c’est selon), tente l’incessante remise
en jeu, embrasse la complexité du réel,
se voue avec ferveur à son insatiabilité
féroce, s’amourache du rêve…
De ce parcours étoilé de quelque 130
stations, émergent des histoires de résistances,
celle de l’anarchiste espagnol Buenaventura Durruti,
des Indiens Crazy Horse, Sitting Bull, Leonard Peltier,
Louis Riel et Leroy Jackson, de Che Guevara, Fred Hampton,
Patrice Lumumba ou de la Commune ; se dressent, sur
le boulevard du crépuscule, les figures animées
des Marx Brothers, Alfred Hitchcock, Jean-Luc Godard,
Doris Day ou Maria Montez ; sont éclairées
d’une lumière intemporelle les mémoires
de Federico Garcia Lorca tandis que les tours de passe-passe
d’Erik Satie, Don Cherry et Sidney Bechet nous
emportent joyeusement et que nous surprennent avec grâce
l’ombre de l’espion Kim Philby, l’élégance
d’Anne Marie Beretta, les bonds de Charles Trenet,
les pirouettes de Spirou ou les devinettes de Benjamin
Péret.
Mais par-delà ces figures, évoquées
de temps à autre comme partie d’un inestimable
trésor, c’est bien l’expression pleine
et entière d’artistes non retenus qui se
joue avec pour principal moteur : la place de la musique
dans le monde qui l’entoure. La musique comme
regard, la musique comme récit, la musique comme
débat, la musique comme cœur.
Témoin reconnu de cette expérience délicieusement
protéiforme : le Chronatoscaphe,
objet baladeur, qui en illustrations, photographies,
textes et musique, permet de remonter le temps de nato
et visiter ses 25 premières années.
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