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Nous savons qu’il
existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de
la maison. La maison nato a donc eu envie de
rassembler ses mots : autant de codes, de clés,
de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères
du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent
un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.
Choisissez un mot ci-dessous :
Feu : n. m.
Le feu est un phénomène produisant à haute température une chaleur extrême (il est déconseillé, à moins d'être un diable, de "mettre sa main au feu", le moyenâgeux jugement divin ayant été fort peu probant) ainsi que de l'énergie lumineuse très colorée (rouge, jaune, orange, bleu, vert). L'estimation - sans trop se mouiller, ce qui est de circonstance - que l'utilisation du feu par l'homme a eu lieu environ 400 000 ans avant notre ère est contredite par d'autres recherches qui la situent en -700 000 ou -790 000 ou même de façon encore moins certaine -1 000 000 d'années. D'abord utilisé pour faire cuire les aliments, le feu a également servi à s'éclairer, se réchauffer, fabriquer des outils et, c'est peut-être là une de ses réussites principales, de réunions sociales et de veillées autour du feu. L'hymne "Feu de bois, feu qui chante, joli feu de bois" ne fut néanmoins entonné que bien plus tard, les théories avançant des liens de parenté entre Jean Naty-Boyer et Prométhée (qui chaparda le feu aux dieux chez les Grecs) s'étant avérées fantaisistes. On peut allumer le feu avec des silex, une allumette du jazz, un briquet, un allume-cigare ou un allume-gaz ou encore une loupe ce qui rend particulièrement pertinent l'origine étymologique latine du mot : focus. On l'éteint avec de l'eau ou une bonne couverture. Selon les humeurs ou les saisons, le feu signifie la passion amoureuse, l'entrain enthousiaste (“On ne brûle bien les planches que si on a le feu sacré” Henri Jeanson), une gourmandise atypique (les avaleurs de feu), un élément de contestation ("Burn one down") ou l'arrêt au carrefour. Il peut également dans ses terrifiantes versions infernales représenter un tir d'armes létales dites "à feu" ou la destruction programmée : incendies de forêts, d'habitations, autodafés et bûchers mis en place par de sinistres dictatures inquisitrices religieuses ou politiques visant à éradiquer celles et ceux accusés d'hérésie ou encore à supprimer le savoir en incendiant publiquement la littérature. La célèbre phrase d'Heinrich Heine : Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes peut également se lire dans l'autre sens. On se remémorera la mise en garde d'un autre auteur, celui du célèbre Fahrenheit 451 de Ray Bradbury : “Il y a plus d’une façon de brûler un livre. Et le monde est plein de personnes se précipitant pour le faire, une allumette à la main.” Le cesser-le-feu va donc de pair nécessaire avec la meilleure version de l'allumage. Ne jamais se contrefoutre du contre-feu.

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