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Nous savons qu’il
existe une maison du dictionnaire et un dictionnaire de
la maison. La maison nato a donc eu envie de
rassembler ses mots : autant de codes, de clés,
de signes et d'intentions qui relient et rallient. Réverbères
du chemin des écoliers, ceux du diconato éclairent
un peu davantage la syntaxe fantaisie de ce langage incontrôlé.
Choisissez un mot ci-dessous :
Rivière : n. f.
Lorsque l'eau désire suivre son cours sur terre, elle se met au lit sous la forme de rivière qui lui permet de se jeter à corps perdu dans un fleuve (grande rivière qui se jette dans la mer). Elle naît de source sûre alimentée par la pluie. Les nymphes protègent en principe les sources, mais, plus que par Manon, se sont fait déborder par la soif des hommes, le prélèvement à la source et la mise en bouteille. Du fameux cycle de l'eau sans lequel aucune vie terrestre n'est possible, la rivière, élément métaphorique du déroulement de toute vie, est la partie la plus proche de l'homme, la plus compréhensible. On peut s'y baigner, la passer à gué pour estimer sa profondeur, en boire l'eau, la contempler pendant des heures. Comme souvent l'homo sapiens, pas si sapiens que ça, abuse des générosités du cours d'eau en y ponctionnant une incroyable énergie électrique ou en y déversant ses innommables déchets à commencer par nitrates et pesticides. La maladie première de la rivière est la pollution infligée par les hommes et il lui arrive, lorsqu'on insulte tant son lit, de se rebeller en inondations, débords et noyades. Il arrive que les hommes défendent la rivière contre d'autres hommes cupides et pétroliers comme en 2016 lorsque les Lakotas de Standing Rock se soulèvent pour défendre la rivière Missouri. Mais l'accueil est total et chaleureux pour les créatures telles limnées, planorbes, sangsues, gerris, notonectes, libellules, salamandres, tritons, cistudes, grenouilles, rats d'eau, loutres, hérons, castors, canards, papillons, hippopotames etc. La rivière peut diviser les territoires comme le Styx des grecs séparant la terre des enfers et constitue un excellent repère géographique qu'il suffit souvent de suivre pour constater comme il est beau le débit de l'eau. Quelques divinités savent encore s'y attarder : les gauloises Deva, Ritona, Urnia ou les grecques Caÿstros, Hermos, Pactole. Cette dernière a d'ailleurs depuis Crésus et Midas, attisé bien des convoitises d'humains décidément incapables de se tenir tranquilles. La rivière est un idéal, elle fait rêver les plus sages peu enclins à la domination : “L'élève, comme la rivière, aimerait suivre son cours tout en restant dans son lit...” (Albert Camus).

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