Didier Levallet
Didier Levallet : contrebasse
Un mois avant la libération, le 19 juillet 1944, naît à Arcy-sur-Cure, petite bourgade de l'Yonne et haut lieu préhistorique, Didier Levallet. Avant de s'inscrire au conservatoire de Lille pour étudier la contrebasse, il a déjà tâté le saxophone alto par ses propres moyens. Il étudie parallèlement le journalisme, ce qui aura une incidence assez précise sur sa carrière.
En 1969, il se rend à Paris et participe d'emblée à l'intense vie de la cité lutécienne avec des musiciens d'héritage bop comme Claude Cagnasso, George Arvanitas, Ted Curson, Kenny Clarke, Slide Hampton, Johnny Griffin, Hank Mobley ou plus modernes comme Mal Waldron, Steve Potts, Freddie Redd (avec qui il enregistre pour Futura) ou le pianiste Siegfried Kessler, une rencontre importante.
Avec ce dernier, en 1970, il crée Perception avec le saxophoniste Jeff Seffer et le batteur Jean-My Truong. Ils sortent un disque pour l'ADMI (Association pour le Développement de la Musique Improvisée, collectif de musiciens français qui en inspirera d'autres, fondée par Levallet) Perception & Friends.
En 1974, il rencontre aux USA Byard Lancaster. Sa passion pour les cordes, la composition, l'arrangement et la direction d'orchestre le conduisent à la formation des groupes Confluence (l'un des rares groupes de Jazz Français à cette époque à enregistrer pour une major, RCA) puis Swing String System qui voient passer les guitaristes, violoncellistes et violonistes consacrés (Jean-Charles Capon, Denis Van Hecke, Christian Escoudé, Didier Lockwood) et révèlent de nouveaux as. Il forme aussi un trio à cordes avec Dominique Pifarély, jeune révélation qui ira loin et le guitariste Gérard Marais.
Solide contrebassiste, il joue avec des batteurs swingant comme Jacques Thollot (qui participe à la deuxième formation de Perception) ou Bernard Lubat en Pologne (qui deviendra le batteur du Swing String System). Il monte également un grand orchestre qui malheureusement n'enregistrera pas. Le premier disque du Swing String System sera publié par le label du Parti Socialiste Uniteledis.
Il joue en quartet avec le saxophoniste Frank Lowe (Tricks of the trade, Marge records) et joue avec le Brotherhood of Breath de Chris Mc Gregor reconstitué.
En 1980, il joue avec le saxophoniste et oboïste Jean Querlier (qui participe au quintet de Levallet avec André Jaume et Jeff Sicard) en duo au festival de Chantenay-Villedieu, festival où il reviendra jouer avec le jeune saxophoniste Sylvain Kassap (quartet avec Yves Robert et Günter Sommer remplaçant au pied levé Bernard Lubat). Il participe au premier enregistrement de Sylvain Kassap L'Arlésienne. Il co-fonde la maison de disques In & Out. Celle-ci précèdera la création des disques Evidence dans les années 90 à laquelle s'associeront Sylvain Kassap et le directeur du festival de Nevers Roger Fontanel.
Didier Levallet, trop militant, trop musicien, trop honnête ne sera pas le représentant de la gauche caviar. En 1981, année de l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand, il compose le générique de FR3. Mais tout n'est pas rose lorsqu'en 1983, il crée au Festival d'Angoulême, alors fief socialiste, son révélateur Scoop pour octet (avec Steve Lacy, Tony Coe, Radu Malfatti, Tony Oxley...). Jack Lang, ministre de la culture invité, s'y ennuie. Le lendemain, il s'en ouvre un peu légèrement aux journalistes de Libération, ce qui fera l'objet d'un article auquel le compositeur répondra dans la revue Jazz Ensuite à laquelle il participe. Scoop sera le premier disque a être aidé par MFA (Musique Française d'Aujourd'hui).
Soucieux de transition et de transmission, ce musicien volontaire demeuré très actif (on le retrouve dans de nombreuses formations en leader ou sideman) s'intéresse de près à l'enseignement et crée à la fin des années 70 les ateliers de Cluny qu'il anime encore, il enseigne également à Angoulême, Poitiers, Lille et Montreuil. On le retrouve en quartet avec Jac Berrocal, Daunik Lazro et le batteur Dennis Charles, en trio avec le trompettiste sud-africain Harry Beckett et le batteur Tony Marsh, avec les saxophonistes Anthony Ortega et Charles Tyler, il croise Ornette Coleman avec Yochk'o Seffer et appartient au collectif Zhivaro qui multiplie les invitations. Il renoue avec le grand orchestre avec Générations et, en 1997 au tournant du millénaire, la direction de l'Orchestre National de Jazz, poste qui aurait dû être naturellement le sien lors de la création de cette bizarrerie, lui est confiée pour deux années où il invite la chanteuse Jeanne Lee et prend ensuite la tête de la Maison de la Culture de Montbeliard.
Il est l'auteur de L'Amérique de Mingus (POL) co-écrit avec Denis Constant Martin ainsi que de plusieurs ouvrages pédagogiques.
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