Louis Sclavis
Louis Sclavis : clarinettes, saxophones
Fils de photographe, Louis Sclavis commence son apprentissage de la
clarinette à dix ans dans l’Harmonie Municipale de Monchat. Son penchant pour le jazz
est déclenché par l’écoute d’Albert Nicholas, Sidney Bechet et le
Nouvelle-Orléans. Il ajoute la pratique des saxophones (soprano et alto) à celle de la
clarinette et en 1968, rencontre Maurice Merle en même temps qu’il entre au
conservatoire de Lyon.
Sa passion pour le jazz grandit avec les fréquents concerts lyonnais. En 1972, il commence la clarinette basse dont il va devenir un des grands
spécialistes. En 1974, Jean Méreu, alors actif dans
les collectifs politisés de François Tusques ou Denis Levaillant, quitte le
Free Jazz Workshop. Maurice Merle propose à Louis Sclavis d’entrer dans le
groupe qui deviendra un élément fondateur de sa carrière. Le
Free Jazz Workshop qui enregistre un album avec Colette Magny devient Workshop de
Lyon. Louis accompagne également des chanteurs comme Claire ou Steve Waring.
En 1976, deuxième grande étape : la création de l’Arfi (Association à la
recherche d’un folklore imaginaire) qui fédère les musiciens lyonnais à l’instar
d’autres grands collectifs européens. L’Arfi apporte sa marque dans le
paysage musical et fait de nombreux émules. Au sein de l’association dont il est
un membre très actif, Sclavis joue dans plusieurs groupes : le Marvelous Band,
la Marmite Infernale ou le duo avec Jean Bolcato (où il joue également du
bandonéon).
Le tournant des années 70/80 est l’occasion de nombreuses rencontres
pour ce brillant instrumentiste : Bernard Lubat (il séjourne dans la Compagnie
Lubat), Michel Portal, Jacques Di Donato, Henri Texier (il remplace Eric Lelan
dans son quartet). À la Chapelle des Lombards, il joue en quartet avec Michel
Portal, Jean-Louis Chautemps et Jacques Di Donato et avec le Worshop de Lyon
invite Michel Portal ou le jeune tromboniste de Vichy Yves Robert.
À
Chantenay-Villedieu, Louis Sclavis offre un mémorable hommage à Albert Ayler avec les cors
de chasse de la fanfare. nato alors naissant lui propose d’emblée
d’enregistrer. Ce sera Ad Augusta per Angustia, disque solo où apparaissent quelques amis
de l’Arfi.
Louis Sclavis multiplie les rencontres, il joue dans le quintet de
Didier Levallet, un temps dans le nouveau Brotherhood of Breath de Chris
McGregor. Il joue également à Chantenay avec John Stevens et Trevor Watts. Il
tourne avec Tony Oxley, croise le sax avec Larry Stabbins (qui lui propose même
d’être invité du groupe en vogue Working Week – ce qui ne pourra se faire,
l’agenda du clarinettiste explosant sous la demande). Il joue aussi en duo avec
Daunik Lazro, Lol Coxhill ou André Jaume.
À Chantenay, il se produit avec un
trio remarquable : John Lindberg à la contrebasse et le batteur est allemand
Günter Sommer dont ce sera la première française. Au théâtre Dunois, à l’invitation
de Lol Coxhill, il joue en trio avec le sopraniste anglais et Michel Portal.
Toujours très actif à l’Arfi, il crée aussi par ailleurs son propre groupe, le
Tour de France, qui fait la part belle, de façon régionale, aux musiciens en
devenir comme Michel Doneda ou Beñat Achiary. Il enregistre en même temps son
second disque pour nato Rencontres (avec Günter Sommer, Conrad Bauer, Gérard Marais et
Philippe Deschepper) et le fameux Clarinettes qu’il produit lui-même avec
l’aide d’Alain Gibert, pour IDA et qui sera jusqu’à ce jour l’une des
meilleures ventes du jazz français. Cet album le consacre comme figure essentielle de
la scène française, reconnue internationalement (ce qui est très rare).
En
1988, il quitte le Workshop de Lyon. Il enchaîne avec succès et de façon
incessante, groupes et créations. Son enregistrement suivant, toujours produit par lui-même pour IDA avec Bruno Chevillon, Christian Ville et François Raulin,
connaît également un grand succès. Sa rencontre avec le photographe Guy Le Querrec
à l’occasion d’un atelier au festival de la Roche Jagu organisé par Henri
Texier est aussi le point de départ d’une longue collaboration. Celle-ci les amènera jusqu’en Afrique et à la création d’un supergroupe
avec le batteur Aldo Romano.
Louis Sclavis sera invité aux côtés de Tony Coe par Steve Beresford pour son Extraordinaire Jardin de Charles Trenet dont une représentation aura lieu au festival de Marne La Vallée.
Il enregistrera aussi pour nato avec le
quartet de Gérard Siracusa. Il est également membre du Tres Hora de Sol de
Jean-Marc Padovani avec Violeta Ferrer. À Berlin, devenu familier de FMP, il
joue avec Cecil Taylor.
Dans les années 90, logiquement devenu l’un des musiciens honorés par la
marque de Manfred Eicher, ECM, Louis Sclavis y expérimente nombreuses formules
dont le très remarqué Napoli’s Waltz. Il compose aussi pour le cinéma (Jean-Louis
Comolli, Bertrand Tavernier). Musicien représentatif de son époque, il est
loué à ce titre par l’Europa Jazz Festival du Mans qui lui offre 25 concerts à
l’occasion des 25 ans du festival.
Le parcours de Louis Sclavis a fait bien des
émules. Il incarne presque à lui seul, une certaine idée du développement de la
musique française et du changement qui s’est opéré dans les années 80.
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